RGE : Manifeste pour la préservation de l’artisanat

Sous couvert d’œuvrer pour l’environnement en mettant en place l’écoconditionnalité [foot]Conditionner l’obtention des aides publiques à la justification d’une bonne qualité environnementale des travaux prescrits ou effectués.[/foot] l’esprit de la loi est en train d’être dévoyé complètement. Au lieu d’être un pas vers la transition énergétique, le RGE nous conduit une fois de plus vers un monde régi par des multinationales sans visages, qui absorbent les gens comme elles ingurgitent les ressources de l’environnement.

RGE : Reconnus Garants de l’Environnement ou… ?

Rackettés

Nous désavouons l’éradication planifiée de toutes les petites entreprises artisanales du bâtiment, condamnées à êtres rectifiées par une normalisation qui nie leur compétence, occulte notre histoire et refuse les évidences dont notre patrimoine témoigne. Nous ne voulons pas d’une société qui réserve aux petites entreprises du bâtiment le même sort que la paysannerie au vingtième siècle, littéralement éradiquée par une industrialisation insensée dont on commence seulement à voir le véritable bilan et les dommages collatéraux.

Nous rejetons la mise en place d’une procédure qui va obliger toutes les petites entreprises à payer un certificat pour chacune de leur activités, punissant ainsi celles qui ont de multiples compétences, favorisant au contraire celles qui n’en ont aucunes et se contentent de reproduire sans fin des gestes automatisés et irréfléchis. Nous récusons la démarche malhonnête qui veut faire croire qu’avec trois jours de formation une entreprise devient apte à faire de la prescription impartiale, niant l’existence de tous les professionnels de la conception. Nous n’acceptons pas la mise en place d’une procédure qui dans sa forme actuelle est un véritable pesticide systémique et empoisonne à la racine tous les acteurs présents et à venir du secteur artisanal.

Grugés

Nous refusons de vivre dans un monde qui fait la guerre à sa population et veut provoquer la ruine et l’élimination de « la première entreprise de France » en nous mettant à la merci de groupes financiers dont les intérêts ne coïncident ni avec ceux de la population française, ni avec ceux de l’humanité elle-même. Non contents de faire croire que leur propagande est de la formation, certains fabricants et vendeurs de matériaux voudraient maintenant sans honte détourner les fonds dédiés à la formation professionnelle pour se faire payer leur publicité.

Enfumés

Nous n’admettons pas que les compétences et savoir-faire soient remplacés par des classements normalisés sans rapport avec la réalité du terrain, permettant à une entreprise ayant suivi trois malheureux jours de formations de se prétendre « garante de l’environnement ». Il est inadmissible qu’un artisan puisse être RGE en posant du polystyrène sur une ancienne maçonnerie en pierre, même si ça va la conduire à sa ruine, alors que celui qui construit en terre crue et préserve des savoirs-faire multi-millénaires ne sera pas reconnu « garant de l’environnement ». Il n’a pourtant pas à démontrer qu’ils sont écologiques, car leur histoire en est la preuve évidente.

Nous affirmons au contraire que le respect de l’environnement passe par :

La relocalisation des compétences au plus près des chantiers en rétablissant le principe de subsidiarité [foot]La responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème.[/foot]

la concertation de tous les acteurs locaux pour qu’ils déterminent ensemble ce qui est le plus adapté à leur contexte

la prise en compte d’une analyse multicritère des projets et une meilleure prise en compte des énergies renouvelables locales disponibles, et non pas uniquement de leur performance thermique conventionnelle

la taxation de l’énergie des machines, pour mettre fin à la concurrence déloyale du pétrole et redonner au travail humain sa juste valeur

la prise en compte de l’énergie grise et de la pollution induite par la fabrication des matériaux, de sorte à remettre sur un pied d’égalité financière la construction neuve et la rénovation

la reconnaissance de la valeur des entreprises sur un indicateur unique, gratuitement consultable par tout citoyen, qui indiquerai leur taux de sinistres (et dont le financement serait assuré par la taxation de ceux qui en ont)

Nous exigeons par conséquent la remise à plat complète de la procédure de certification RGE. Nous voulons qu’une étude parlementaire soit réalisée pour faire la lumière sur ce qui a été détourné et a conduit à de tels contresens. Nous demandons une réelle consultation citoyenne pour élaborer une méthode de remplacement qui soit acceptable et mène réellement à une meilleure prise en compte du respect de l’environnement dans ce que nous construirons au vingt-et-unième siècle. Il est urgent de réagir à cette farce qui va s’appliquer dès juillet.