Date : 8, 9 et 10 mai 2014 à Pierrefontaine-les-Varans (25)
Thème : « Second œuvre, misère écologique et sociale »
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Présentation du thème
« Le second œuvre: misère écologique et sociale ? »
La plupart des débats du réseau sur les techniques et pratiques constructives concernent le « gros œuvre ». La simplicité et la franchise de celui-ci, tant dans ses modes opératoires que dans son appréciation nous conduisent à considérer comme nébuleuses les pratiques du revêtement, de l’emballage ou du masquage que l’on range dans le second œuvre.
La proposition de débat vise donc d’abord à circonscrire cette nébuleuse. Commencer à définir permettra de repérer les pistes à éviter et celles à prospecter…
Ce qu’est et ce que n’est pas le 2nd œuvre
Nous posons comme base que le second œuvre est tout ce qu’on peut enlever sans affecter les fonctions essentielles de stabilité et de forme première du bâtiment ou dit autrement on peut avoir le 1er œuvre, le gros œuvre, sans le second, mais pas l’inverse… Ou encore : le gros œuvre ne serait-il que le support qui reçoit les peaux technologiques qui suscitent les réactions sensorielles ?
On peut caractériser, évaluer des techniques de second œuvre sur une base quantitative selon les concepts d’intensité sociale ou de haute intensité de main d’œuvre (dites HIMO pour renvoyer à des références des années 70-80), mais quels peuvent être les éléments d’appréciation qualitative dont on sait que c’est là que se situe le principal problème des techniques de second œuvre :
– faiblement porteuses et stimulantes de savoir-faire
– fréquemment pourvoyeuse de sous-traitance et autres pratiques économiques douteuses ?
L’approche peut s’envisager à partir de la décomposition des prix, par la transparence des rapports fournitures / main d’œuvre : plus cette dernière est basse plus la dépendance à un processus de transformation capitalisée en amont est forte. Toutefois le fait d’avoir un prix à forte composante de fourniture conduit à faire de la revente augmentant l’opacité entre le prix fournisseur et le supposé prix public, permettant des marges importantes occultées au client final.
Les fortes marges sur les fournitures sont aussi l’indication d’une faible valeur/compétence ajoutée pour la « pose », qui peut donc facilement se gérer par de la sous-traitance de personnels peu compétents et précaires. « L’entreprise » devient donc un négoce camouflé, ajoutant la possibilité de vendre une pose de par la faible compétence nécessaire.
Tout se joue entre intention de révéler et dissimulation : quel est le storytelling du commerce au loin, du commerce complexe, de la séparation entre transformer et poser ?
Du poilu au glabre, du rugueux au lisse
L’absence de récit sur les processus participe de la dissimulation, qu’il s’agisse des termes de l’échange, et de la non-transformation sur place, sur chantier, mais « au loin » là où le gain sur la valeur d’échange est maximum. Ou encore de la dissimulation de l’aspect des ouvrages, montrer ou non la « vérité constructive » …
Cette dissimulation révèle l’aliénation du « poseur » de par l’impossibilité qu’il aura de laisser trace de son intervention dans l’œuvre par la connivence établie avec la matière. Matière rendue de plus en plus « non plastique ». Ce qui explique pourquoi le « jointeur » est le stade suprême du plaquiste, seul habilité à garder le contact avec la matière qui se transforme… avec la matière humide.
Le degré ultime du second œuvre serait-il donc sa sécheresse ?
C’est peut-être là que l’on peut shareit app download entrevoir pourquoi l’industrialisme a colonisé le second œuvre mais qu’il ne parvient pas à le faire pour le gros œuvre…
Véritable « cheval de Troie » du bâtiment sous contrôle, le second œuvre incarne une certaine idée de la modernité et un professionnalisme repoussant vers l’amateurisme ou le bricolage les gestes métis des rescapés des cultures constructives vernaculaires.
Cependant le bricoleur investit encore massivement le second œuvre : peut-on y voir manière de résistance à la colonisation industrielle des savoirs, pour sortir par le haut, pour garder la perception réelle de l’humide, du poilu et de matière qui se transforme ?